Les monoptères

Les monoptères
Les monoptères (ceux qui n'ont qu'une aile)

lundi 15 juin 2015

Un boulet à la boutonnière, Bébert le pigeonneau, et ma petite fille





LE ROSSIGNOL

Ne pouvons-nous vivre sans chimères,
Comme tous -comme on croit que font tous,
Car peut-être sont-ils comme nous ?-
Toxiques, nécessaires et mortifères
Pour supporter la perte de qui on aime

Comme le rossignol à la fontaine
Pour un bouquet de roses qu’on lui a refusé,
Sans ce poignant remords, ce regret
Torturant qui nous fait, en replay incessant,
Nous crier en silence, intérieurement :
«J’aurais dû, il aurait juste fallu…

C’était si peu et j’ai tout perdu ». 
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RENAISSANCE

.. « Plus rien n’existe à présent? »
Mais si a suffit un bouquet de roses,
C’était que l’amour était si évanescent,
Peut-être même illusion, épuisé, morose,
Devenu tragique et cruel..

Et qu’on est en train de renaître   
Pénible mais nécessaire, lettres,
Qui suscitent mais absorbent le réel,
Le réel, le réel heureux !
Pour un souvenir douloureux,
Un manque devenu létal
D’une douleur ancienne vitale
Du temps où nous étions deux, 
A nous torturer
Et nous aimer.
Il faut cesser !

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MA PETITE FILLE, NOTRE DERNIER VOYAGE

Dehors le rossignol chante de tout cœur,
Et après la pluie, la terre revit,
Elle aussi. Pourquoi faut-il que cette odeur,
Ce soulagement, de la nature reverdie,
M’évoque notre dernier voyage,
A Bristol, le réveil sur la plage,
Le café sur la terrasse abritée,
Et ce timide soleil anglais hésitant ?
Tandis que Maï Linh, lentement se douchait ?
(Plaisanterie : pendant ce temps, la tente était démontée.)

Et mon short acheté, tes blagues à la vendeuse
« C’est une affaire de famille, une affaire d’état »
On a voté, ce fut oui à l’unanimité,
Et malgré mes jambes, je l’ai porté !
Qu’importe puisque tu m’aimais..

Notre dernier voyage,  
Mais nous ne le savions pas.
Chaque fois qu’après la pluie,
Je sens la terre respirer, j’y repense..
Une famille.. ma petite fille..
En silence.

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MAISON MAUDITE, ET LE BÉBÉ PIGEON

Bon, mais je suis ici, dans cette maison,
Belle et maudite, cette maison tragique,
Et Fille unique !

Je dois travailler, payer..
Le péché des autres, péché mignon..
Payer ma désinvolture, ma et leur folie,
Mes angoisses, mon repli, et ma joie aussi.

Jean, Lydie, pourquoi m’avoir procrée ?
 Vous n’étiez pas immortels mais éphémères .
Et je n’étais pas un boulet à vos boutonnières
Une preuve pour démontrer que vous pouviez ?
(« Ne pas avoir d’enfant, tout de même,
Ce ne se fait pas. Ça fait bréhaigne ».)

Le pigeon est guéri, je vais le libérer..
(Je l’ai appelé Robert car je m’y suis attachée
-Il était trempé et le chat sournois le guettait-),
Cela au moins est fait, accompli,
Comme toi, comme Mai linh, il n’a plus qu’à s’envoler
La pluie a cessé, et puis…

A m’oublier.

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